Emile ROLLIER

Émile ROLLIER, Artiste Peintre Condatais (1902-1993)



Émile Marcel Claudius est nĂ© Ă  Condat (Cantal) le 8 mars 1902, au N°19 quartier des Ă©coles, dans la maison louĂ©e par ses parents Ă  Mme Serre
(voir acte de naissance) et est dĂ©cĂ©dĂ© le 6 dĂ©cembre 1993 Ă  Aix en Provence. 

Fils de Pierre ROLLIER, originaire d’Allanche et de Marie TAUPIN Ă©pousĂ©e Ă  Moulins le 14 avril 1894, le couple avait eu prĂ©alablement deux ïŹlles, en 1897 et 1899, dĂ©cĂ©dĂ©es respectivement Ă  5 et 18 mois.

Pierre Ă©tait un artisan peintre dĂ©corateur, comme son pĂšre et son frĂšre, et s’était installĂ© Ă  Condat aprĂšs son mariage.

Voir les listes de recensement de 1906 et 1926. (cliquer sur l'année)


Émile allait hĂ©riter de cet atavisme familial tout en complĂ©tant sa formation en suivant les cours de l’École des arts dĂ©coratifs de Bruxelles.
Il commence sa carriÚre avec son pÚre et laisse quelques traces encore visibles de son passage : Hall d'entrée maison Rispal, portes vitrée chez Gustave Tournadre, plafond et entrée chez Faucher-Garros, peintures de la chapelle de Feniers, la Borie d'Estaules.

Il Ă©pouse Jeanne AndrĂ©e GRELOUNAUD le 15 septembre 1925 Ă  Condat, niĂšce de Mme Sauvadet qui tenait l’hĂŽtel des voyageurs, (la famille Grelounaud habitait l'annexe de l’hĂŽtel face Ă  Paulinville), mais le mĂ©nage ne dure que cinq ans et le divorce est prononcĂ© le 30 juillet 1930. 
Émile part alors pour Paris et voyage en Bretagne oĂč il est tĂ©moin d'un Ă©vĂ©nement dramatique : il assista Ă  bord d’un thonier Ă  un terrible raz-de-marĂ©e qui coĂ»te la vie Ă  nombre de marins et de bĂątiments. Il en conçoit une passion pour la mer et pour les maquettes de bateaux.

En 1922, Ă  l'exposition nationale de Limoges, le jeune Emile ROLLIER, artiste peintre Condatais ĂągĂ© de 20 ans, a reçu une mĂ©daille de bronze pour son Ɠuvre rĂ©gionale et toute rĂ©gionaliste. A cette mĂȘme exposition, le syndicat d'initiative de Condat a obtenu une mĂ©daille d'argent. Enfin, le "Touring-Club de France" a votĂ© en faveur de Condat un prix spĂ©cial : MĂ©daille de vermeil pour la belle tenue de cette coquette citĂ©.

Durant l’exposition artistique d’Aurillac du 10 septembre 1927, le critique littĂ©raire et poĂšte Camille GANDILH0N GENS-D’ARMES Ă©crit ceci dans "L’Auvergnat de Paris", du 17 septembre 1927 : « J’ai remarquĂ© les toiles d’un jeune peintre de Condat, Émile Rollier, dont l’ardeur, un peu incertaine dans les dessins d’églises, fait dĂ©jĂ  merveille en deux peintures au couteau (abreuvoir, vieille maison) »

En 1928, M. Marcel DEPEYRE, nĂ© le 10 mai 1900 Ă  Condat, Vice-Consul de France Ă  Yokohama (Japon) a passĂ© une commande assez importante de tableaux Ă  son ami le jeune Émile Rollier, artiste-peintre, Illustrateur de l’Auvergne, paysages et vielles maisons, pour ĂȘtre exposĂ©s au Consulat de Yokohama. 

En 1929, à la demande d'un grand nombre de Condatais, le jeune artiste peintre Emile Rollier a accepté d'exposer dans la grande salle de l'ancienne école Saint-Nazaire, une soixantaine de toiles (paysages d'Auvergne) et dessin divers qu'il compte exposer prochainement à Clermont-Ferrant et Aurillac.

Cette mĂȘme annĂ©e 1929, son ami LĂ©on Gerbe lui consacre un article " En Artense avec Emile Rollier" dans "L'Auvergnat de Paris" du 17 aoĂ»t 1929.

Le 30 aoĂ»t 1931, Ă  Champs-sur-Tarentaine, il participe au banquet d'Ă©tĂ© de la sociĂ©tĂ© des enfants de l'Artense dont il est PrĂ©sident honoraire. Ce banquet se dĂ©roule Ă  l’hĂŽtel Tissandier-Roviro sous la prĂ©sidence de Pierre Charbonnel, PrĂ©sident de l'amicale, accompagnĂ© de MM. LĂ©oty et Chabany et de M. le Dr. Cellier conseiller gĂ©nĂ©ral du canton. 

Ses talents d'illustrateurs et son attachement Ă  l’Auvergne le rapprochent aussi des Ă©crivains comme Henri POURRAT, LĂ©on GERBE ou Lucien GACHON.

A Condat, Emile Rollier rencontre LĂ©on GERBE qui loue un petit logement
quartier des Ă©coles chez Mlle AUZOLLES, qui tenait une mercerie.
"Nous accédions à notre chambre située au premier étage par un escalier donnant sur une galerie couverte d'un auvent et dominant un jardin rempli de roses(Hommage à L.Gerbe p86)


Émile ROLLIER s'est illustrĂ© dans des domaines trĂšs divers : 

- Comme peintre dĂ©corateur, il a notamment contribuĂ© Ă  la restauration de la chapelle de la Borie d'Estaules en 1924, et Ă  la dĂ©coration de plusieurs maisons de Condat. 

- Comme artiste peintre, il a su traduire l’ñme du pays en peignant de vieilles demeures, d’anciennes Ă©glises, et les paysages de l’Artense, notamment sous la neige, avec un dessin simpliïŹĂ© et des couleurs franches. Il fait partie d’une gĂ©nĂ©ration qui nourrit des courants rĂ©gionalistes dĂ©passant le simple folklore. Malheureusement, les Ɠuvres qui nous sont parvenues sont en nombre limitĂ©. 

- Comme illustrateur, il a réalisé des bois gravés dont la force nous rappelle ceux de Maurice BUSSET. En 1932, il réalise 110 gravures pour le recueil de nouvelles de son ami Léon GERBE « Au Pays d'Artense » .

En ouvrant les documents ci-dessous, vous pourrez admirer les différentes illustrations réalisés par Emile ROLLIER

  
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Il collabore avec d”autres Ă©crivains (LĂ©on BOYER, Raymond CORTAT, François RAYNAL ...) ainsi qu’avec « L'Auvergne littĂ©raire et artistique Â» qui orne souvent ses articles d’un de ses bois, comme ci-dessous la foire de Condat.




Il possĂšde aussi la technique de l’eau forte et il l’utilise pour illustrer les 100 exemplaires tirĂ©s sur papier Auvergne du livre de LĂ©on GERBE « Au pays d'Auvergne ».


 Comme lithographe, il s’est fait plaisir en 1930 en rĂ©alisant plusieurs affiches pour les produits de gentiane, Ă  la demande d’Émile REFOUVELET de Riom-es-Montagnes qui voulait dĂ©velopper la publicitĂ© de sa liqueur, l' « Auvergne Gentiane » (aujourd’hui, l'AvĂšze).
L’Auvergne gentiane fut crĂ©Ă©e en 1928 par Émile Refouvelet, avec un slogan aussi simple qu’efficace : « Buvez une Auvergne ! ». Il confie Ă  Émile Rollier le design de sa rĂ©clame. Celui-ci invente le personnage de l’auvergnat jovial Ă  gros favoris, traitĂ© dans un style trĂšs Ă©purĂ© qui se rapproche de la bande dessinĂ©e.





Le "Royal-Louis" 1944

Émile ROLLIER sera un remarquable maquettiste et consacrera la majeure partie de son temps Ă  cette activitĂ© lorsqu’il aura quittĂ© le Cantal, vers 1939, pour s’établir dans la banlieue de Marseille.

Depuis qu’il avait connu le 18 septembre 1930 en Bretagne la terrible tempĂȘte, raz-de-marĂ©e qui engloutit 300 bateaux, 800 hommes pĂ©ris en mer et lui mĂȘme qui Ă©chappa au naufrage sur le thonier de Concarneau, la mer le hante, le passionne. C'est pour se changer des paysages d'Auvergne qu'il Ă©tait parti planter son chevalet sur les Ăźles Bretonnes. 
Dans son atelier marseillais, il se lance corps et biens dans la construction des bateaux modĂšle rĂ©duit. AprĂšs les thoniers, les chalutiers, il se passionne pour l'histoire de la marine. En quelques annĂ©es, il construit une cinquantaine de maquettes de l’ancienne marine Ă  voile, galions, frĂ©gates, goĂ©lettes, jonques, galĂšres. Son oeuvre maĂźtresse  le "Royal Louis".



Le Royal-Louis, le plus grand navire de la ïŹ‚otte du Roi Soleil, lui a demandĂ© trois ans de travail. Il dĂ©clare au journaliste venu l’interviewer « Dans une grande caisse, le Royal-Louis va ĂȘtre Ă©vacuĂ© vers le Massif Central. Il reviendra Ă  Marseille, car, aprĂšs la guerre, j'en ferai don au MusĂ©e... » En fait, il semblerait qu’il en ait fait don Ă  son facteur de Puyloubier.


Ci-contre, Emile Rollier fait admirer les cariatides de Puget qui ornent la poupe de son "Royal-Louis"






Le 20 octobre 1958, 15 jours aprĂšs le dĂ©cĂšs de sa mĂšre, Émile se remarie Ă  Marseille ou il demeure 66 Bd Durruis, La Barasse, avec une cousine, Marie RenĂ©e BERANGER couturiĂšre,  nĂ©e Ă  MĂącon le 11 mai 1893 et qui est divorcĂ©e d'Antoine Pochet graveur-lithographe.
En 1960, le couple quitte la citĂ© phocĂ©enne pour s'Ă©tablir Ă  Puyloubier, prĂšs d’Aix-en-Provence. En arrivant dans sa nouvelle rĂ©gion, il demande Ă  enseigner la peinture Ă  la maison des lĂ©gionnaires prĂšs de chez lui, mais sa demande est rejetĂ©e. Les maquettes ne permettant pas de vivre, il se livre Ă  une peinture commerciale Ă  base de mas provençaux pour la clientĂšle touristique. Il ne signe plus Émile ou E.ROLLIER, mais Marc ou Marc E. ROLLIER. 

Sa femme décÚde à Puyloubier en son domicile avenue Cézanne le 2 juillet 1974.
Il survit entourĂ© de son assistante de vie, Mme J. Housset, qui le sent trĂšs nostalgique du Cantal, de sa voisine Mme Picon  Ă  laquelle il a vendu du terrain et qui le dĂ©crit comme un homme trĂšs gĂ©nĂ©reux et discret, se faisant livrer tout son nĂ©cessaire de peinture par la poste, et de son mĂ©decin auquel il donne beaucoup de tableaux.
Il dĂ©cĂšde le 6 dĂ©cembre 1993, en laissant le tableau d'une Camargue inachevĂ©e. 
Il est InhumĂ© dans le caveau qu'il a fait construire Ă  Puyloubier  et ou il avait fait transfĂ©rer les corps de son pĂšre, de sa sƓur et de sa mĂšre. Il a lĂ©guĂ© son caveau, contre entretien, Ă  Mme Housset.



Le chemin de croix de Labastide Rouairoux

Émile ROLLIER fit don Ă  Mme Decroix d’un chemin de croix qu’elle fit encadrer par son gendre marchand d’art Ă  Mazamet. Elle l’offrit au curĂ© de Courniou (HĂ©rault) qui le refusa et finalement elle fit don du chemin de croix Ă  l’église Saint Saturnin de Labastide Rouairoux (Tarn)

Cliquer ci-dessous pour faire défiler le chemin de croix




PĂšlerinage Ă  la Font-Sainte
Toile d'Emile Rollier 1929

La Font-Sainte est un site marial oĂč les croyances populaires et les pĂšlerinages Ă©taient trĂšs actifs. La fĂȘte des Bergers s'y tenait le 30 aoĂ»t et regroupait beaucoup de monde de toute la rĂ©gion.
Les gens allaient pique-niquer aprĂšs la procession des bergers et la messe, tout autour dans les prairies. Le 2Ăšme dimanche qui suivait (en septembre) une procession faisait redescendre la vierge "transhumante" Ă  St Hippolyte. ( en savoir plus .. )










Revue de presse

DĂ©cĂšs de Pierre Rollier pĂšre d'Emile
L’Auvergnat de Paris 23 juillet 1932
L’Auvergnat de Paris 26 septembre 1931
Lire l'article

L’Auvergnat de Paris 19 septembre 1931
Lire l'article








































Sources : Josette MOLIERE dans la revue « A moi Auvergne ! » N°148 2e trimestre 2014 page 107. 
Pascale MOULIER dans la revue « Cantal-Patrimoine » n°22 (2011) et n°27 (2013) - Presse ancienne "L’Auvergnat de Paris" 1922 Ă  1956 - Archives DiocĂšse de Saint-Flour - BibliothĂšque nationale de France : Gallica "L'Auvergne littĂ©raire et artistique"



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