Ămile ROLLIER, Artiste Peintre Condatais (1902-1993)
Fils de Pierre ROLLIER, originaire dâAllanche et de Marie TAUPIN Ă©pousĂ©e Ă Moulins le 14 avril 1894, le couple avait eu prĂ©alablement deux ïŹlles, en 1897 et 1899, dĂ©cĂ©dĂ©es respectivement Ă 5 et 18 mois.
Pierre Ă©tait un artisan peintre dĂ©corateur, comme son pĂšre et son frĂšre, et sâĂ©tait installĂ© Ă Condat aprĂšs son mariage.
Voir les listes de recensement de 1906 et 1926. (cliquer sur l'année)
Ămile allait hĂ©riter de cet atavisme familial tout en complĂ©tant sa formation en suivant les cours de lâĂcole des arts dĂ©coratifs de Bruxelles.Il commence sa carriĂšre avec son pĂšre et laisse quelques traces encore visibles de son passage : Hall d'entrĂ©e maison Rispal, portes vitrĂ©e chez Gustave Tournadre, plafond et entrĂ©e chez Faucher-Garros, peintures de la chapelle de Feniers, la Borie d'Estaules.
Il Ă©pouse Jeanne AndrĂ©e GRELOUNAUD le 15 septembre 1925 Ă Condat, niĂšce de Mme Sauvadet qui tenait lâhĂŽtel des voyageurs, (la famille Grelounaud habitait l'annexe de lâhĂŽtel face Ă Paulinville), mais le mĂ©nage ne dure que cinq ans et le divorce est prononcĂ© le 30 juillet 1930.
Ămile part alors pour Paris et voyage en Bretagne oĂč il est tĂ©moin d'un Ă©vĂ©nement dramatique : il assista Ă bord dâun thonier Ă un terrible raz-de-marĂ©e qui coĂ»te la vie Ă nombre de marins et de bĂątiments. Il en conçoit une passion pour la mer et pour les maquettes de bateaux.
En 1922, Ă l'exposition nationale de Limoges, le jeune Emile ROLLIER, artiste peintre Condatais ĂągĂ© de 20 ans, a reçu une mĂ©daille de bronze pour son Ćuvre rĂ©gionale et toute rĂ©gionaliste. A cette mĂȘme exposition, le syndicat d'initiative de Condat a obtenu une mĂ©daille d'argent. Enfin, le "Touring-Club de France" a votĂ© en faveur de Condat un prix spĂ©cial : MĂ©daille de vermeil pour la belle tenue de cette coquette citĂ©.
Durant lâexposition artistique dâAurillac du 10 septembre 1927, le critique littĂ©raire et poĂšte Camille GANDILH0N GENS-DâARMES Ă©crit ceci dans "LâAuvergnat de Paris", du 17 septembre 1927 : « Jâai remarquĂ© les toiles dâun jeune peintre de Condat, Ămile Rollier, dont lâardeur, un peu incertaine dans les dessins dâĂ©glises, fait dĂ©jĂ merveille en deux peintures au couteau (abreuvoir, vieille maison) »
En 1928, M. Marcel DEPEYRE, nĂ© le 10 mai 1900 Ă Condat, Vice-Consul de France Ă Yokohama (Japon) a passĂ© une commande assez importante de tableaux Ă son ami le jeune Ămile Rollier, artiste-peintre, Illustrateur de lâAuvergne, paysages et vielles maisons, pour ĂȘtre exposĂ©s au Consulat de Yokohama.
En 1929, à la demande d'un grand nombre de Condatais, le jeune artiste peintre Emile Rollier a accepté d'exposer dans la grande salle de l'ancienne école Saint-Nazaire, une soixantaine de toiles (paysages d'Auvergne) et dessin divers qu'il compte exposer prochainement à Clermont-Ferrant et Aurillac.
Le 30 aoĂ»t 1931, Ă Champs-sur-Tarentaine, il participe au banquet d'Ă©tĂ© de la sociĂ©tĂ© des enfants de l'Artense dont il est PrĂ©sident honoraire. Ce banquet se dĂ©roule Ă lâhĂŽtel Tissandier-Roviro sous la prĂ©sidence de Pierre Charbonnel, PrĂ©sident de l'amicale, accompagnĂ© de MM. LĂ©oty et Chabany et de M. le Dr. Cellier conseiller gĂ©nĂ©ral du canton.
Ses talents d'illustrateurs et son attachement Ă lâAuvergne le rapprochent aussi des Ă©crivains comme Henri POURRAT, LĂ©on GERBE ou Lucien GACHON.
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A Condat, Emile Rollier rencontre Léon GERBE qui loue un petit logement quartier des écoles chez Mlle AUZOLLES, qui tenait une mercerie. "Nous accédions à notre chambre située au premier étage par un escalier donnant sur une galerie couverte d'un auvent et dominant un jardin rempli de roses" (Hommage à L.Gerbe p86) |
Ămile ROLLIER s'est illustrĂ© dans des domaines trĂšs divers :
- Comme peintre décorateur, il a notamment contribué à la restauration de la chapelle de la Borie d'Estaules en 1924, et à la décoration de plusieurs maisons de Condat.
- Comme artiste peintre, il a su traduire lâĂąme du pays en peignant de vieilles demeures, dâanciennes Ă©glises, et les paysages de lâArtense, notamment sous la neige, avec un dessin simpliïŹĂ© et des couleurs franches. Il fait partie dâune gĂ©nĂ©ration qui nourrit des courants rĂ©gionalistes dĂ©passant le simple folklore. Malheureusement, les Ćuvres qui nous sont parvenues sont en nombre limitĂ©.
En ouvrant les documents ci-dessous, vous pourrez admirer les différentes illustrations réalisés par Emile ROLLIER

Il
collabore avec dâautres Ă©crivains (LĂ©on BOYER, Raymond CORTAT,
François RAYNAL ...) ainsi quâavec « L'Auvergne littĂ©raire et
artistique » qui orne souvent ses articles dâun de ses
bois, comme ci-dessous la foire de Condat.
Il possĂšde aussi la technique de lâeau forte et il lâutilise pour illustrer les 100 exemplaires tirĂ©s sur papier Auvergne du livre de LĂ©on GERBE « Au pays d'Auvergne ».
Comme lithographe, il sâest fait plaisir en 1930 en rĂ©alisant plusieurs affiches pour les produits de gentiane, Ă la demande dâĂmile REFOUVELET de Riom-es-Montagnes qui voulait dĂ©velopper la publicitĂ© de sa liqueur, l' « Auvergne Gentiane » (aujourdâhui, l'AvĂšze).LâAuvergne gentiane fut crĂ©Ă©e en 1928 par Ămile Refouvelet, avec un slogan aussi simple quâefficace : « Buvez une Auvergne ! ». Il confie Ă Ămile Rollier le design de sa rĂ©clame. Celui-ci invente le personnage de lâauvergnat jovial Ă gros favoris, traitĂ© dans un style trĂšs Ă©purĂ© qui se rapproche de la bande dessinĂ©e.
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Le "Royal-Louis" 1944
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Ămile ROLLIER sera un remarquable maquettiste et consacrera la majeure partie de son temps Ă cette activitĂ© lorsquâil aura quittĂ© le Cantal, vers 1939, pour sâĂ©tablir dans la banlieue de Marseille.
Depuis quâil avait connu le 18 septembre 1930 en Bretagne la terrible tempĂȘte, raz-de-marĂ©e qui engloutit 300 bateaux, 800 hommes pĂ©ris en mer et lui mĂȘme qui Ă©chappa au naufrage sur le thonier de Concarneau, la mer le hante, le passionne. C'est pour se changer des paysages d'Auvergne qu'il Ă©tait parti planter son chevalet sur les Ăźles Bretonnes.
Dans son atelier marseillais, il se lance corps et biens dans la construction des bateaux modĂšle rĂ©duit. AprĂšs les thoniers, les chalutiers, il se passionne pour l'histoire de la marine. En quelques annĂ©es, il construit une cinquantaine de maquettes de lâancienne marine Ă voile, galions, frĂ©gates, goĂ©lettes, jonques, galĂšres. Son oeuvre maĂźtresse le "Royal Louis".
Le Royal-Louis, le plus grand navire de la ïŹotte du Roi Soleil, lui a demandĂ© trois ans de travail. Il dĂ©clare au journaliste venu lâinterviewer « Dans une grande caisse, le Royal-Louis va ĂȘtre Ă©vacuĂ© vers le Massif Central. Il reviendra Ă Marseille, car, aprĂšs la guerre, j'en ferai don au MusĂ©e... » En fait, il semblerait quâil en ait fait don Ă son facteur de Puyloubier.
Ci-contre, Emile Rollier fait admirer les cariatides de Puget qui ornent la poupe de son "Royal-Louis"
Le 20 octobre 1958, 15 jours aprĂšs le dĂ©cĂšs de sa mĂšre, Ămile se remarie Ă Marseille ou il demeure 66 Bd Durruis, La Barasse, avec une cousine, Marie RenĂ©e BERANGER couturiĂšre, nĂ©e Ă MĂącon le 11 mai 1893 et qui est divorcĂ©e d'Antoine Pochet graveur-lithographe.
En 1960, le couple quitte la citĂ© phocĂ©enne pour s'Ă©tablir Ă Puyloubier, prĂšs dâAix-en-Provence. En arrivant dans sa nouvelle rĂ©gion, il demande Ă enseigner la peinture Ă la maison des lĂ©gionnaires prĂšs de chez lui, mais sa demande est rejetĂ©e. Les maquettes ne permettant pas de vivre, il se livre Ă une peinture commerciale Ă base de mas provençaux pour la clientĂšle touristique. Il ne signe plus Ămile ou E.ROLLIER, mais Marc ou Marc E. ROLLIER.
Sa femme décÚde à Puyloubier en son domicile avenue Cézanne le 2 juillet 1974.
Il survit entouré de son assistante de vie, Mme J. Housset, qui le sent trÚs nostalgique du Cantal, de sa voisine Mme Picon à laquelle il a vendu du terrain et qui le décrit comme un homme trÚs généreux et discret, se faisant livrer tout son nécessaire de peinture par la poste, et de son médecin auquel il donne beaucoup de tableaux.
Il décÚde le 6 décembre 1993, en laissant le tableau d'une Camargue inachevée.
Il est InhumĂ© dans le caveau qu'il a fait construire Ă Puyloubier et ou il avait fait transfĂ©rer les corps de son pĂšre, de sa sĆur et de sa mĂšre. Il a lĂ©guĂ© son caveau, contre entretien, Ă Mme Housset.
Le chemin de croix
de Labastide Rouairoux
Ămile ROLLIER fit
don Ă Mme Decroix dâun chemin de croix quâelle fit encadrer par
son gendre marchand dâart Ă Mazamet. Elle lâoffrit au curĂ© de
Courniou (HĂ©rault) qui le refusa et finalement elle fit don du
chemin de croix Ă lâĂ©glise Saint Saturnin de Labastide Rouairoux
(Tarn)
Cliquer ci-dessous pour faire défiler le chemin de croix
La Font-Sainte est un site marial oĂč les croyances populaires et les pĂšlerinages Ă©taient trĂšs actifs. La fĂȘte des Bergers s'y tenait le 30 aoĂ»t et regroupait beaucoup de monde de toute la rĂ©gion.
Les gens allaient pique-niquer aprĂšs la procession des bergers et la messe, tout autour dans les prairies. Le 2Ăšme dimanche qui suivait (en septembre) une procession faisait redescendre la vierge "transhumante" Ă St Hippolyte. ( en savoir plus .. )
Revue de presse
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DĂ©cĂšs de Pierre Rollier pĂšre d'Emile LâAuvergnat de Paris 23 juillet 1932
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Sources : Josette MOLIERE dans la revue « A moi Auvergne ! » N°148 2e trimestre 2014 page 107.
Pascale MOULIER dans la revue « Cantal-Patrimoine » n°22 (2011) et n°27 (2013) - Presse ancienne "LâAuvergnat de Paris" 1922 Ă 1956 - Archives DiocĂšse de Saint-Flour - BibliothĂšque nationale de France : Gallica "L'Auvergne littĂ©raire et artistique"
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